Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sûr, n’admettraient au nombre des capitaux que les biens matériels ; d’autres voudraient que le capital produisit son revenu sous la forme d’utilités ou de fruits distincts de lui-même, pouvant se détacher de lui : ils excluraient de leur conception du capital le vin qui se bonifie pour être bu après quelques années, les denrées que l’on emmagasine en vue, d’une disette ; d’autres voudraient que les fruits du capital fussent perçus non pas en une seule fois, mais par termes espacés. Ces déterminations toutefois, si elles sont de nature à restreindre l’extension du concept, ne se rapportent qu’à des points d’importance secondaire, et ne rétrécissent pas le concept d’une manière très notable. Mais il est deux déterminations que certains auteurs ont mises dans leurs définitions et qui diminuent considérablement l’extension que par ailleurs ces auteurs eussent été disposés à donner au capital, qui conduisent même à l’établissement de deux concepts tout à fait différents du mien.

La première de ces deux déterminations veut que l’on ne regarde comme capitaux que les biens durables. Je n’ai pas besoin de montrer qu’elle conduit à une conception du capital qui, dans l’application, ne coïncide jamais avec la mienne : n’ai-je pas dit en effet que la capitalisation impliquant toujours la renonciation à une consommation immédiate, ces seuls biens pouvaient servir de capitaux qui peuvent faire l’objet d’une consommation destructive ?

Nombreux cependant sont les économistes qui se sont arrêtés à cette conception du capital. Walras — pour ne citer que lui — nomme « capital en général tout bien durable, toute espèce de la richesse sociale qui ne se consomme point ou qui ne se consomme qu’à la longue, toute utilité limitée en quantité qui survit au premier usage qu’on en fait, en un mot, qui