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par rapport aux accidents dont je viens de parler on ne peut pas dire qu’elle soit très développée.

147. Au total, la variation des besoins pousse probablement plus à emprunter qu’elle ne fait capitaliser ; mais elle ne pousse pas beaucoup plus à emprunter. qu’elle ne fait capitaliser. Telle est du moins la conclusion à laquelle on arrive en considérant les particuliers. Cette conclusion ne sera-t-elle pas modifiée si on considère, en même temps que les particuliers, les États ? On ne voit guère que les États prêtent des capitaux ; et on les voit qui empruntent beaucoup ; les emprunts des États absorbent une part importante des capitaux disponibles. Or pourquoi les États empruntent-ils ? c’est souvent pour faire des dépenses d’ordre productif, pour construire des chemins de fer, pour creuser des canaux[1] ; souvent aussi c’est pour parer à des besoins soudains et très grands, comme ceux auxquels ils ont à faire face dans le moment d’une guerre. Ainsi les États sont conduits par les variations de leurs besoins à emprunter beaucoup ; et d’autre part cette même cause ne fait jamais d’eux des prêteurs. Dès lors, combinant ce que nous constatons ici des États à ce que je disais tantôt des particuliers, n’arriverons-nous pas, touchant l’influence de la variation des besoins sur l’intérêt, à des vues qui seront

  1. Ces dépenses productives peuvent ne pas donner l’intérêt courant : l’exploitation d’un chemin de fer construit par l’État ne rémunère pas les capitaux qui y ont été dépensés ; une route rend des services qui, s’ils étaient payés — car sauf exception l’usage des routes nationales est gratuit —, ne représenteraient pas l’intérêt des sommes qu’elle a coûté. Les États commettent de ces fautes économiques : outre que la fin économique n’est pas la seule dont ils aient à se préoccuper, on sait que les États peuvent se permettre des gaspillages, leurs ressources n’étant pas limitées comme celles des particuliers.
    Lorsqu’un État avec de l’argent emprunté acquiert ou crée des biens durables, forteresses, armements, etc., ce qu’il fait, en définitive, c’est de prendre ces biens en location de ses préteurs, lesquels sont comme s’ils les avaient fait construire.