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Il y a toujours moyen, constate Böhm-Bawerk, d’accroître son produit : on n’a qu’à se créer ou à acquérir des instruments de production plus soignés, plus parfaits. Cela est évident. Mais chaque perfectionnement que vous apporterez à vos instruments de production, chaque dépense supplémentaire que vous ferez pour les améliorer vous donnera-t-elle un supplément de produit qui compense vos frais ? Je n’en sais rien, ou plutôt je me persuade, par l’examen des exemples que l’observation la plus familière me fournit, qu’il n’en est rien. J’ai fait défoncer une terre à une certaine profondeur, j’ai mis dans cette terre un certain nombre de tuyaux de draînage d’une certaine qualité : croira-t-on que doublant, quadruplant, décuplant, centuplant ma dépense pour avoir un défoncement plus profond, des tuyaux plus nombreux ou d’une qualité supérieure, je doive augmenter mon produit de ce que j’aurai dépensé en plus ?

Ce qui est vrai toutefois, et qu’il y a lieu de noter, c’est qu’en fait dans notre société il y a mille possibilités, soit en allongeant le processus productif des entreprises déjà existantes par des modifications plus ou moins importantes, soit en remplaçant les entreprises existantes par des entreprises différentes — après tout, il n’y a pas une démarcation très tranchée entre ces deux méthodes —, soit enfin en montant des entreprises capitalistiques nouvelles, d’accroître la production, et de l’accroître d’une quantité supérieure à la dépense de capital qu’on aura pu être obligé de faire. Il y a mille placements capitalistiques qui seraient lucratifs, et qui ne sont point faits parce que les capitaux ne sont pas en assez grande quantité, en d’autres termes, parce que ces placements ne donneraient pas pour les capitaux qu’ils exigeraient un rendement rémunérateur.