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Bawerk est en lui-même irréprochable, ce raisonnement a le vice on ne peut plus grave de ne pas fonder la conclusion à laquelle Böhm-Bawerk prétend aboutir : Böhm-Bawerk est tombé dans le sophisme de l’ignoratio elenchi. Plus de capital, c’est plus de produit, et c’est en même temps une attente plus longue. Fort bien ; mais que nous importe ? Ce qu’il faudrait prouver, c’est que le même capital, avec une attente plus longue, c’est plus de produit, et Böhm-Bawerk ne l’a nullement prouvé. J’ai des capitaux que j’emploie productivement, et en même temps j’entreprends des productions non capitalistiques ; si je pouvais me constituer des capitaux supplémentaires, remplacer mes productions non capitalistiques par des productions capitalistiques, j’aurais plus de produit, à ce que nous montre Böhm-Bawerk, et d’autre part l’attente moyenne de mes produits serait allongée : la question n’est pas là ; il s’agit de savoir si j’aurais plus de produit en employant les mêmes capitaux dans des processus plus longs : et cela, Böhm-Bawerk ne l’a pas établi.


135. Je développe maintenant l’argumentation de Böhm-Bawerk, et ma critique.

Böhm-Bawerk observe qu’il n’est pas de branche de la production où l’emploi du capital — lequel oblige à attendre le produit un certain temps — n’accroisse le produit, où avec plus de capital — c’est-à-dire avec une attente plus longue — on n’ait une quantité plus grande de produit. S’agit-il d’avoir de l’eau ? on en aura en plus grande abondance — pour une même dépense de travail — si on fabrique une cruche que si on va boire à la source, si on établit une conduite, que si on fabrique une cruche. On prend plus de poisson avec un canot et un filet que si on est dépourvu de