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haussera[1], pourra avoir avantage à allonger sa période de production — cet allongement devant accroître son produit brut — , et les tableaux de Böhm-Bawerk montrent qu’il en sera ainsi.

La thèse que l’allongement du processus productif accroît indéfiniment le produit de l’unité productive est une thèse qui a semblé tout d’abord évidente à Böhm-Bawerk : l’observation des faits les plus courants lui paraissait l’imposer. Dans la Théorie positive du capital, on ne voit pour ainsi dire pas que Böhm-Bawerk l’ait appuyée sur des preuves. Böhm-Bawerk note que la production médiate — celle qui implique la création d’instruments de production, de « produits intermédiaires » — est plus productive que l’autre, mais qu’aussi, sauf de très rares exceptions, elle demande plus de temps ; et il ajoute tout de suite après que, plus longtemps on se résigne à attendre le produit, les biens prêts pour la consommation, plus on a de produit[2]. Mais ces assertions de Böhm-Bawerk furent révoquées en doute : et c’est alors que Böhm-Bawerk entreprit d’exposer les preuves de son dire ; il a consacré à cet exposé la première partie de sa brochure Einige strittige Fragen der Capitalstheorie.

Tout compte fait, les preuves que Böhm-Bawerk fournit à l’appui de sa thèse se ramènent — comme on va voir — à un seul argument, et cet argument n’est pas décisif[3].

134. Böhm-Bawerk, en substance, dit ceci[4] : c’est une chose admise par tout le monde, qu’avec

  1. Dans mes raisonnements, je considérerai toujours ce cas ; il sera aisé au lecteur de renverser ces raisonnements pour les appliquer au cas d’une baisse des salaires.
  2. II, pp. 86-93.
  3. J’ai déjà critiqué brièvement la thèse de Böhm-Bawerk au § 98.
  4. Einige Fragen, pp. 11-14.