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l’employant de telle ou de telle manière, décident quelle portion ils consommeront tout de suite, quelle portion ils feront consommer à des travailleurs. C’est de cette sorte que l’intérêt et la capitalisation influeront l’une sur l’autre ; on ne verra pas le taux de l’intérêt, résultant de l’importance du stock des subsistances, détourner une portion de ce stock des emplois capitalistiques ; on verra l’intérêt et la capitalisation se déterminer l’un l’autre, et un équilibre s’établir suivant la loi que l’on connaît et que l’on pourrait appeler la loi de l’utilité finale des placements capitalistiques[1].

Ainsi le montant de la capitalisation dépend du taux de l’intérêt dans le même temps qu’il contribue à déterminer ce taux : et c’est ce que Böhm-Bawerk n’a pas vu, ou plutôt qu’il n’a pas fait voir. Et toutefois il convient de reconnaître qu’en établissant ce point je n’ai fait qu’apporter à la théorie de Böhm-Bawerk une correction, et que cette correction laisse subsister les parties essentielles de la théorie.


128. 3° Böhm-Bawerk donne une grande place, dans sa théorie, à la notion du stock des subsistances.

  1. Böhm-Bawerk parle des propriétaires fonciers à peu près comme il parle des capitalistes (v. pp. 435-437) : plus la rente foncière est élevée, dit-il, plus les prélèvements opérés par les propriétaires fonciers sur le stock des subsistances seront importants, et moins il sera capitalisé, Böhm-Bawerk toutefois établit cette différence entre les propriétaires fonciers et les capitalistes, que la rente de ceux-là est une cause de l’agio des biens présents, et que l’intérêt de ceux-ci en est une conséquence (p. 437). En réalité les rentes foncières n’existent pour la plus grande partie, qu’en tant qu’il est fait des terres une exploitation capitalistique. Et quoi qu’il en soit sur ce point, il ne faut pas oublier que les propriétaires fonciers, touchant des rentes, sont des capitalistes en puissance ; ils feront d’une partie de leurs rentes un emploi capitalistique, loin de les consommer toutes comme Böhm-Bawerk paraît croire : ici encore on verra apparaître l’interdépendance de la capitalisation et de l’intérêt.