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selon le taux du salaire, on verra un nombre plus ou moins grand de gens s’inscrire dès à présent dans la classe ouvrière ; si les salaires sont hauts, tels se feront salarier qui travailleraient à leur compte avec des salaires trop bas. Et ainsi, même au point de vue statique, il ne serait pas légitime de tenir le nombre des ouvriers pour fixe.

Toutefois on admettra aisément que les variations statiques du nombre des ouvriers ne sauraient avoir beaucoup d’étendue.

Que dirons-nous, en second lieu, de l’échelle des plus-values ? Dans les deux tableaux de tantôt, cette échelle était identique. Une année de travail donnait, avec une période de production d’un an, 350 florins de produit ; avec une période de production de deux ans, 450 florins, etc. : cela, quel que fût le salaire. Or quand le salaire est de 300 florins, le nombre des ouvriers employés est deux fois plus grand que quand le salaire est de 600 florins ; pour une même durée de production, deux fois plus d’ouvriers employés donnent deux fois plus de produit ; et avec une production plus abondante les prix ne seront-ils pas plus bas ? Böhm-Bawerk, attribuant toujours la même valeur au produit de l’unité du travail, affirme implicitement que le prix des marchandises ne varie pas avec la quantité des marchandises produites : l’expérience, au contraire, nous apprend qu’avec la quantité des produits la valeur de ceux-ci varie — selon des courbes à la vérité diverses pour les différentes marchandises —.

Cette objection cependant, pour si forte qu’elle puisse paraître au premier abord, perd de sa gravité lorsqu’on se livre à un examen attentif des faits. La valeur des produits varie avec la quantité de ces produits : cette proposition n’est vraie, elle ne prend du moins de l’importance, que lorsqu’on s’attache à une