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Encore par le moyen que je viens de dire peut-on séparer assez bien la force de travail des idées. Nous n’avons pas partout des séparations aussi tranchées. Les biens matériels ne se laissent pas diviser rigoureusement en biens instantanément consommables, et en biens ne pouvant pas être consommés instantanément. Les terres sont plus que toute autre chose regardées comme des biens éternels ; mais le rendement d’une terre varie dans le temps selon la façon dont elle est cultivée, une terre s’appauvrit ou s’enrichit : faudra-t-il distinguer dans le bien qu’est cette terre deux biens, l’un correspondant à ce minimum de fertilité au-dessous duquel elle ne descendra pas, de quelque façon qu’on l’exploite, et qui serait réellement un bien indestructible, l’autre correspondant au surplus de la fertilité que notre terre possède — si l’on peut ainsi parler — et dont à chaque période de culture une partie pourrait être détruite ? Et que sera-ce si l’on considère les biens durables que l’homme crée ? tous ces biens peuvent être détruits par quelque espèce de consommation, quand ce ne serait que par cette consommation qui consiste à utiliser pour une autre fin les matériaux dont ils sont faits : on peut toujours brûler un tableau, démolir une maison pour en placer ailleurs les pierres, les bois et les tuiles. Ce qu’il faut dire si l’on veut être tout à fait exact, c’est que pour certains biens durables la question ne se pose guère jamais de savoir si on les conservera et si on continuera à en retirer la jouissance qu’ils étaient primitivement destinés à procurer, ou si on en retirera quelque autre jouissance qui oblige à les détruire.

Il est d’autres démarcations encore qui ne laissent pas de manquer de rigueur. Par exemple, on a de la difficulté souvent à décider si un bien a été ou non