biens présents, elle crée un agio en faveur de ces biens, et par là elle donne naissance à l’intérêt. Il y aura donc des gens qui paieront un intérêt pour avoir des biens présents. Qui sont ces gens ? Les entrepreneurs, les propriétaires fonciers qui empruntent des capitaux ? En tant qu’emprunteurs, ils paraissent préférer les biens présents aux biens futurs ; mais en tant qu’entrepreneurs, ils montrent qu’ils préfèrent les biens futurs aux biens présents ; en sorte que ces deux préférences contraires se neutralisent. Ou plutôt nos entrepreneurs, lorsqu’ils empruntent pour produire, ne font voir aucune préférence, ni pour les biens présents, ni pour les biens futurs ; ils font voir seulement leur désir d’obtenir cette rente foncière, ce gain, quel qu’il soit, que l’emploi des capitaux en question leur assurera, Sont-ce donc les ouvriers, les fournisseurs de matières premières qui paieront un intérêt pour avoir des biens présents ? À parler correctement, ils ne paient pas un intérêt aux capitalistes qui les occupent ou qui se fournissent chez eux ; ils vendent leur main-d’œuvre, leurs matières premières au prix du marché — prix déterminé par l’utilité de cette main-d’œuvre, de ces matières en tant qu’elles donnent ou qu’elles constituent des biens immédiatement consommables, qu’elles se consomment immédiatement — ; ils permettent par là aux capitalistes de percevoir un intérêt, et ils le leur permettent, non pas en tant qu’ouvriers occupés par les capitalistes, en tant que fournisseurs des capitalistes, mais en tant que non-capitalistes, en tant que — tout comme d’autres qui ni sont ni des salariés, ni des fournisseurs des capitalistes — ils n’entrent pas en concurrence avec les capitalistes, qu’ils ne font pas d’opérations capitalistiques. Et quand même l’on serait en droit de dire que l’ouvrier, que le fournisseur de matières pre-
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