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toutefois ne sera pas égale à celle des biens consommables qu’ils donneront, si ces biens consommables doivent être attendus un temps ; les biens présents étant plus appréciés que les biens futurs, bénéficiant d’un agio par rapport à ceux-ci, le bien productif qui, après un an d’attente, donnera un produit d’une valeur égale à 100, ne vaudra lui-même que 95. Que si, dans ces conditions, vous achetez ce bien productif, il vous rapportera un intérêt. Et cet intérêt ne sera pas autre chose que l’accroissement de valeur que recevra le bien productif, lequel, après n’avoir représenté qu’une promesse de biens futurs, tenant sa promesse, donne des biens présents, lequel, si on peut ainsi s’exprimer, de bien futur qu’il était devient bien présent.

C’est ainsi que Böhm-Bawerk présente les choses. Acceptant de ramener le phénomène à la forme que Böhm-Bawerk lui donne, je prétends qu’à l’établissement de l’agio des biens productifs présents ne concourt pas le moins du monde cette raison qui, pour Böhm-Bawerk, paraît être la plus importante, la productivité du capital.

106. Entre qui se ferait, ici, cet échange de biens présents et de biens futurs que Böhm-Bawerk veut voir dans toute opération capitalistique productive ? Cet échange, si nous allons au fond des choses, se ferait entre le capitaliste d’une part, et d’autre part les ouvriers qui lui fournissent de la main-d’œuvre, les producteurs qui lui fournissent des matières premières, etc.

Prenons bien garde que celui qui emprunte pour produire, contrairement à ce que j’avais admis tout à l’heure, ne figure pas dans ce schème. C’est que cet individu, lorsqu’on considère l’ensemble des phénomènes du marché, se montre à la fois des deux.