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du capital — c’est le fait que de ce capital notre propriétaire peut retirer 10 % — qui explique que ce propriétaire ait « préféré les biens présents aux biens futurs », qu’il ait emprunté 1.000 francs pour rembourser au bout d’un an 1.050 francs. Mais on ne peut pas dire que, créant cette préférence en faveur des biens présents, la productivité du capital ait par là donné naissance à la plus-value capitalistique. Même dans les cas où la productivité du capital fait préférer les biens présents aux biens futurs, ce n’est point parce qu’elle crée cette préférence que la productivité du capital donne naissance au rendement capitalistique. Imaginons que notre propriétaire de tantôt n’ait pas contracté son emprunt. Qu’arrivera-t-il ? Ceux qui ont des capitaux à dépenser, sachant qu’avec une avance de 1.000 francs on peut retirer des terres de ce propriétaire un revenu annuel de 100 francs, loueront ces terres, pour les mettre en valeur, à un prix qui leur permette de garder pour eux l’intérêt courant, soit 50 francs ; ils loueront ces terres pour 50 francs. Les terres donc seront mises en valeur tout aussi bien, l’opération capitalistique qui devait assurer aux capitaux plus que l’intérêt courant sera faite, avec cette différence que les capitaux ne seront pas prêtés, qu’ils seront employés par les capitalistes eux-mêmes ; et alors sans doute l’intérêt au sens propre du mot n’apparaîtra point, mais le rendement capitalistique apparaîtra tout aussi bien que dans l’hypothèse précédente.


104. Je puis dès maintenant porter un jugement d’ensemble sur le rôle que Böhm-Bawerk assigne à la productivité du capital dans la théorie de l’intérêt.

Je ne reproche pas à Böhm-Bawerk d’avoir donné un rôle, dans cette théorie, à la productivité du capi-