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facteurs n’agissent : on ne produirait plus que pour des temps infiniment éloignés ; les besoins présents n’étant plus satisfaits, les biens propres à satisfaire ces besoins prendraient un prix très élevé ; mais alors l’équilibre de la production pour le présent et de la production pour le futur se rétablirait : ce qui montre assez ce que l’hypothèse avait d’irréel, et même d’absurde.

98. Si nous voulons savoir ce que vaut cette argumentation nouvelle de Böhm-Bawerk, il nous faudra d’abord soumettre à un examen critique le premier des deux tableaux qu’on vient de voir.

Böhm-Bawerk — c’est là la signification de ce tableau — veut que dans toute industrie, dans toute entreprise, l’allongement du processus productif permette d’accroître le produit, qu’on puisse toujours, par un allongement du processus productif, augmenter le produit, l’augmentation, à vrai dire, se ralentissant de plus en plus. Ce schème ne correspond pas à la réalité. Admettons tout de suite que toute opération capitalistique productive comporte une prolongation de l’attente du produit ; nous ne verrons pas que ce produit d’une entreprise puisse être accru indéfiniment, dans son rapport avec les avances faites, par l’accentuation du caractère capitalistique de l’entreprise. Je suppose qu’un pêcheur pêchant sans capital, c’est-à-dire sans engins, prenne chaque jour deux livres de poisson. Voici qu’il s’avise de se construire un engin, dont la fabrication lui demande trois journées ; cet engin, lorsqu’il l’emploiera (il faut ici que l’engin ne puisse servir qu’une fois), lui permettra de prendre 9 livres de poissons ; ainsi, avec une attente d’une durée moyenne d’un jour et demi, notre pêcheur a pris autant de fois trois livres de poisson que la fabrication de son engin lui aura demandé de