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mois de travail de 1889 donnera en 1895 valent peut-être moins que les 350 unités que ce même mois donnera en 1892 ; à coup sûr ces 350 unités vaudront moins que les 400 unités que donnera dans la même année 1892 le mois de travail de 1888 ; et ainsi il faut que le mois de travail de 1888, que le bien disponible en 1888 vaille plus que le bien disponible en 1889.

Je viens d’exposer l’argumentation de Böhm-Bawerk. Cette argumentation ne me paraît pas démonstrative, et je crois pouvoir en dénoncer le vice en quelques mots.

Böhm-Bawerk pose que, dans l’année 1889, un mois de travail dépensé en 1888 donnera plus de produit qu’un mois de travail dépensé en 1889 ; et de là il conclut qu’il est plus avantageux de disposer d’un mois de travail en 1888 que d’en disposer en 1889. Mais il saute aux yeux que la conclusion ne s’impose nullement. Böhm-Bawerk, avec sa prémisse, a prouvé qu’un mois de travail de 1888 était plus productif qu’un mois de travail de 1889 par rapport à 1889, et seulement par rapport à cette année-là, ou à telle autre année qu’on voudra considérer. Il n’a pas prouvé qu’un mois de travail de 1888 valut, absolument, plus qu’un mois de travail de 1889, que nous eussions avantage à dépenser un mois de travail en 1888 plutôt qu’en 1889, que nous dussions être disposés à faire un sacrifice pour pouvoir dépenser un mois de travail dès 1888, au lieu de le dépenser en 1889.

Que l’on entende bien le sens de ma critique. Si un individu peut sans aucun sacrifice capitaliser, dans une certaine année, une partie de ses revenus, je n’entends pas dire qu’il est indifférent ! pour lui de ne capitaliser cette somme que l’armée d’après — année où il se trouvera dans les mêmes conditions —, et par là de ne faire qu’un placement lucratif au lieu de d’eux :