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exister : car ce n’est que moyennant cet intérêt qu’on avance du capital. Si les locataires d’une maison de rapport, note ailleurs notre auteur, payaient au propriétaire, pour la jouissance de leur appartement, juste de quoi permettre au propriétaire d’entretenir son immeuble et d’en amortir le coût dans le temps qu’il durera, le propriétaire ne gagnerait rien ; Lehr signifie encore par là qu’on ne dépense des capitaux que pour en retirer des intérêts. Et il dira de même que la production serait suspendue si l’entrepreneur ne touchait pas, par la vente de ses produits, des intérêts pour les capitaux qu’il a employés, que ces capitaux soient à lui ou qu’ils lui aient été prêtés[1].

Il n’y a pas lieu de s’attarder sur des conceptions pareilles. Il n’y a pas lieu non plus de s’arrêter à ces théories qui veulent que l’intérêt du capital — ces théories considèrent spécialement le capital productif — paye le travail que le capital a coûté : ces théories oublient précisément ce qui est le caractère propre, l’essence de l’intérêt, à savoir que, perçu par le capitaliste, il représente pour lui, par rapport à la valeur du capital, un surplus ; que par le fait de l’intérêt le capitaliste touche plus que ce que la constitution de son capital lui a coûté de travail, ou, si l’on préfère, que ce travail est plus rémunéré que les autres travaux ; elles oublient tout cela, ou du moins elles n’apportent rien qui ressemble à un éclaircissement, à une explication de ces faits[2]. Laissons donc ces théories de côté, et prenons, pour montrer en quoi elle est insuffisante, une des théories du groupe II qui présentent un essai d’explication de l’intérêt, la théorie fameuse de l’abstinence.

  1. Ouvrage cité, pp. 336, 341.
  2. Voir Böhm-Bawerk, I, pp. 355-357.