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bien réel — emploi nécessaire, si l’on veut que la notion de capital soit coextensive à celle de capitalisation — cet emploi choquera moins que dans l’autre conception. Quand on entend par capital les biens que le capitaliste achète ou se construit et d’où il tirera ses produits, on se trouve très souvent en présence de biens concrets et dont la matérialité fixe l’attention ; d’où une gêne à employer le même mot quand on n’aura plus affaire à de tels biens. Si on désigne au contraire par le nom de capital les biens que le capitaliste sacrifie, alors le capital sera représenté très souvent par de la monnaie, c’est-à-dire par un bien dont la matérialité n’a guère d’importance, et dans lequel on est accoutumé à n’envisager que sa valeur assez facilement donc ou étendra l’appellation de capital à des biens irréels ou immatériels ; on parlera par exemple de capital dépensé à propos du travail qu’un capitaliste se sera imposé.

Ce n’est pas tout : avec la première de nos deux conceptions le capital pourra être évalué, ce qui ne sera pas toujours dans l’autre conception. Le capitaliste renonce à consommer un bien, il emploie de l’argent à autre chose qu’à augmenter sa consommation immédiate, il s’impose un travail : ce bien, cet argent, ce travail, se laissent estimer en eux-mêmes. Notre capitaliste avec l’argent qu’il dépense améliore un fonds de terre : comment — ainsi que je l’indiquais tantôt — assigner une valeur à cette amélioration indépendamment du fonds lui-même ?

La première conception a encore sur la deuxième cet avantage que plus souvent que celle-ci elle fera du capital une grandeur fixe. Voulez-vous par capital entendre ces biens que l’on acquiert au prix d’un renoncement, et au moyen desquels on se procurera plus tard une somme de valeurs supérieure à celle