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1° des théories qui expliquent l’intérêt par le travail que la création des « capitaux » a coûté ;

2° des théories qui invoquent le « travail d’épargne » du capitaliste ;

3° des théories qui font de l’intérêt la rémunération d’une fonction sociale ; et de ces trois variétés il en est une, la seconde, qui se confond avec la théorie de l’abstinence.

Le tort le plus grave de Böhm-Bawerk est sans doute de ne pas avoir distingué tout d’abord ces deux groupes où rentrent presque toutes les théories de l’intérêt, le groupe qui s’attache exclusivement ou principalement à montrer pourquoi le capital exige un intérêt, et le groupe qui s’attache à montrer pourquoi il en obtient un.

Enfin, comme je l’ai déjà dit[1], Böhm-Bawerk réduit trop le nombre des théories « éclectiques ». Les auteurs assez souvent ne se sont pas enfermés dans une vue simpliste et exclusive des phénomènes ; s’attachant sans doute de préférence à un certain aspect des choses, à une des raisons de l’intérêt, ils ont néanmoins entr’aperçu d’autres raisons, et leur ont fait une place dans leurs théories.


79. Voici donc comment Je proposerais que l’on classât les théories de l’intérêt :

dans un premier groupe [1] figureraient les théories qui ne s’attachent ni à ce qui explique que le capital exige un intérêt, ni à ce qui explique qu’il en

  1. Et comme d’autres avant moi l’avaient dit, en particulier Marshall (p. 142, note). Böhm-Bawerk (l, pp. xiii et suiv.) se défend contre ce reproche. Le reproche n’en est pas moins fondé : pourquoi par exemple Böhm-Bawerk parle-t-il de Say d’abord au chap. des théories de la productivité (pp. 138-146), puis au chap. des théories de l’usage (pp. 233-236, pp. 266 et suiv.), au lieu de le mettre au chap. des « éclectiques » ?