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3° les théories de la productivité, les unes naïves, qui invoquent la productivité du capital sans en dire plus long (Say), les autres motivées, qui essaient d’établir un lien de causalité entre le fait, d’une part, que l’emploi du capital dans la production accroît la quantité du produit, et d’autre part l’intérêt (Thünen) ;

4° les théories de l’ « usage », qui prétendent, pour expliquer l’intérêt, que l’usage, la jouissance du capital — entendons : des biens durables — a une utilité, un prix, indépendants de l’utilité et du prix de ce capital lui-même (Say, Hermann, Menger) ;

5° les théories de l’abstinence, selon lesquelles l’intérêt rémunérerait l’abstinence que le capitaliste a dû s’imposer (Senior) ;

6° les théories du travail, selon lesquelles l’intérêt rémunère le travail du capitaliste (James Mill, Courcelle-Seneuil, Schäffle) ;

7° les théories qui voient l’origine de l’intérêt dans une exploitation du travailleur (Rodbertus, Marx) ;

8° les théories de l’agio, qui font dériver l’intérêt de la préférence donnée par les hommes aux biens présents sur les biens futurs (Raë) ;

9° les théories « éclectiques ».

Cette classification n’est pas pleinement satisfaisante. On peut se demander pourquoi Böhm-Bawerk rattache les théories « incolores » à la fois à Smith et à Turgot ; car si la théorie de Smith est bien une théorie incolore, celle de Turgot, encore que complètement dépourvue de valeur, ne mérite pas cette épithète : la preuve en est qu’on a pu lui donner un nom, celui de théorie de la fructification.

Il faut noter encore que sous l’appellation commune de théories du travail Böhm-Bawerk range des théories très diverses, à savoir :