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quantité importante que par rapport aux capitalistes, qu’ils soient ou non entrepreneurs en même temps. Les capitalistes, en effet, sont-ils sollicités de prêter leurs capitaux ? ils n’ont pas les mêmes motifs que les entrepreneurs pour hasarder ces capitaux ; ils n’ont pas pour les entraîner cette perspective de gros gains possibles[1], cette confiance en soi qui séduit très souvent les entrepreneurs ; jugeant les choses plus de sang-froid, ils exigeront en outre de l’intérêt, quand l’affaire pour laquelle on leur demande leurs capitaux est douteuse, un surplus qui sera plus que suffisant pour couvrir les risques. Et si les capitalistes font valoir leurs capitaux eux-mêmes, n’est-il pas à croire qu’ils useront en général de prudence.

En résumé il y a, il peut y avoir du moins, à côté de l’intérêt, de la rente et du revenu du travail, une quatrième espèce de revenu, le profit ; mais ce quatrième revenu ne saurait s’élever très haut, par rapport aux autres. Ainsi quand même il pourrait, à la façon de la rente et du revenu du travail, s’associer à l’intérêt, le fait n’aurait qu’une importance pratique minime. La théorie doit noter toutefois qu’il peut s’associer lui aussi à l’intérêt dans l’un de ses modes, le premier. Afin de percevoir ce profit que m’assurera l’exploitation d’un fonds particulier, il est concevable que j’avance des capitaux, ou encore que j’emprunte et que je consente à payer des intérêts. Pour ce qui est de l’autre mode du profit, il ne peut pas s’associer à l’intérêt de la même façon : il serait simplement absurde de vouloir que l’on payât des intérêts pour s’assurer la perception d’une prime d’assurance, la prime d’as-

  1. On sait avec quel art les financiers attirent les capitaux dans des affaires fallacieuses, en promettant des rendements et des plus-values fantastiques ; on n’oubliera pas que les actionnaires des sociétés anonymes et autres sont des entrepreneurs.