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par l’influence de ces inégalités qui donnent naissance aux rentes différentielles ? On comprend tout de suite ce qu’aurait d’anormal l’existence d’un profit ainsi conçu : aussi ceux qui parlent d’un tel profit ajoutent-ils, après l’avoir posé, qu’il tend à s’éliminer[1]. Par là ils reconnaissent que leur profit ne peut apparaître que dans une économie progressive, par suite de la création d’entreprises sans précédents ou bien supérieures en quelque chose, par exemple par les méthodes de production qu’elles emploient, aux entreprises similaires déjà existantes. Or un tel gain, manifestement, ne représente pas un revenu spécifiquement distinct des trois revenus que nous connaissons : si par exemple je réalise des gains par l’exploitation d’une méthode productive qui m’est propre, mais qui est destinée à tomber un jour dans le domaine public, c’est une rente que l’exploitation de cette méthode me fera toucher[2].

Je ne m’arrêterai pas davantage sur l’assertion de Pierstorff[3], que le gain spécifique de l’entrepreneur doit exister, sans quoi l’entrepreneur ne monterait pas son entreprise. On ne voit pas la raison qui motiverait cette exigence des entrepreneurs qu’elle affirme ; et l’assertion apparaît tout à fait gratuite.

Représentera-t-on, pour démontrer qu’il y a un

  1. Mataja, ch. 3.
  2. Autre exemple : j’ai l’idée d’une méthode productive nouvelle, qui est telle que je ne pourrai pas m’en réserver la propriété. Cette méthode, je ne pourrai pas empêcher les autres de me la prendre ; du moins pendant le temps qu’ils mettront à monter des entreprises semblables à la mienne j’aurai réalisé des gains exceptionnels. Ces gains seront une rente, puisque mon idée est quelque chose que je pouvais céder. Et cette rente sera assimilable aux rentes des idées particulières, car encore que mon idée soit celle d’une méthode générale et apparaisse susceptible d’une série indéfinie d’applications, néanmoins ce qui m’appartient en propre dans cette affaire c’est quelque chose de particulier, à savoir la possibilité de faire pendant un temps une ou deux applications de ma méthode sans craindre la concurrence.
  3. Handwörterbuch der Staatswissenschaften, art. cité, p. 343.