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ou moins grande des talents d’entrepreneurs ait une influence sur l’intérêt. Qu’est-ce donc que cette rareté plus ou moins grande ? Au vrai, la formule ne peut présenter qu’un sens ; pour parler d’une rareté plus ou moins grande des talents d’entrepreneurs, il faut, de toute nécessité, supposer que, à côté d’une masse d’individus ayant tous exactement les mêmes capacités, d’autres individus se trouvent, plus ou moins nombreux, qui ont plus d’habileté, de talent que les premiers. Que si on fait cette supposition, alors on devra admettre malgré Böhm-Bawerk que la rareté des talents influe sur l’intérêt. Il est vrai que ce sera selon un mode opposé à celui que Böhm-Bawerk croit trouver indiqué dans la théorie de Philippovich. Qu’est-ce en effet qui déterminera l’intérêt, si les talents d’entrepreneurs sont rares de la manière que je viens de dire ? Si tous les aspirants entrepreneurs peuvent être pourvas de capitaux, ce sera l’ennui que cause l’épargne, et le prêt, à celui des prêteurs effectifs à qui il en coûtera le plus de prêter. Si ceux qui ont la possibilité de tirer de l’emploi des capitaux plus que le commun de leurs semblables ne trouvent pas tous des capitaux disponibles, en d’autres termes si pour fournir des capitaux à tous ces aspirants entrepreneurs il est besoin de faire appel à des capitalistes qui ne pourront pas être rémunérés de leur épargne, alors l’intérêt sera réglé en même temps par ce que tirera de l’emploi de ses capitaux le moins habite des emprunteurs effectifs. Les talents d’entrepreneurs sont-ils plus rares ? on aura plus de chances de se trouver dans le premier cas, où l’intérêt est manifestement plus bas que dans le second ; et si l’on se place dans le premier cas, les entrepreneurs paieront un intérêt moins élevé, puisque le dernier des prêteurs auxquels ils s’adresseront sera moins loin dans l’échelle de la difficulté crois-