Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

capitaliste peuvent aller partout faire concurrence à ceux des autres capitalistes.

Cette dernière remarque nous conduit à la deuxième différence qui distingue l’intérêt de la rente. La rente se détermine, pour chaque fonds, par la considération de ce que ce fonds produit. Et cela se comprend. Si en effet il y a concurrence entre les produits des différents fonds, et fongibilité, s’il y a aussi une certaine espèce de concurrence entre les fonds, en ce sens par exemple qu’un fermier, pour une rente égale à payer, préférerait un fonds plus productif à un fonds qui le serait moins, il reste que les fonds ne peuvent pas exactement prendre la place les uns des autres, que ces fonds ne sont pas également productifs à superficie égale[1].

Les capitaux au contraire sont parfaitement fongibles : il est parfaitement indifférent à un emprunteur de prendre l’argent de l’un ou celui de l’autre, il est indifférent que tel argent serve à mettre une terre en valeur, ou une autre. Et c’est pour cette raison que, au contraire de ce qui se passe pour la rente, il n’y a qu’un taux de l’intérêt du capital. Par cela même que l’emprunteur n’est nullement attiré vers un prêteur plutôt que vers un autre, il s’établira sur le marché du capital un prix uniforme pour le loyer de celui-ci[2].

50. Toutefois si l’intérêt, considéré dans sa totalité, se distingue radicalement de la rente, il est une portion de l’intérêt qui offre avec la rente des analogies très grandes : c’est cette portion de l’intérêt qui excède ce que le capitaliste exige pour compenser le désa-

  1. La productivité d’un fonds ne peut se mesurer que par rapport à quelque autre quantité, d’ordre matériel et non plus économique.
  2. Celui qui emploie ses capitaux lui-même dans quelque entreprise retire de cet emploi, souvent, plus que l’intérêt. On verra bientôt (§§ 51 et suiv.) ce que c’est au juste que ce surplus qu’il obtient.