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J’ai recueilli l’aveu de ce malaise au cours d’une entrevue qu’un ami m’avait ménagée avec quelques professeurs d’une Université musulmane, leurs Docteurs en Sorbonne.

Ils m’ont dit qu’il ne fallait pas juger l’Islam d’après la mentalité étroite et superstitieuse du peuple, que la religion avait perdu sa pureté primitive et qu’ils travaillaient, eux, dans leur enseignement, à dégager la vraie doctrine, des légendes et des fables qui la défigurent, superfétations dont Mahomet n’est pas responsable et qui viennent des théologiens et des commentateurs. Ils prétendent que les descriptions réalistes et sensuelles du paradis musulman doivent s’entendre dans un sens tout mystique.

Bref, ils sont modernistes.

Ils renient leurs traditions et leurs théologiens ; et, à force de rogner et d’épurer, à force de jeter du lest, ils feront de la doctrine de l’Islam, déjà si maigre et si pauvre, une petite chose encore plus vide, plus confuse et plus vague, trop éthérée pour le peuple, trop chétive et trop