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des puits ou l’eau amère et tiède de sa gherba, l’Arabe soupire après l’ombre épaisse des bois, après les sources fraîches de l’oasis ; et c’est fête pour lui quand une réjouissance quelconque le ramène en face d’un bon festin.

Ces festins, les Diffa, sont des festins de Pantagruel. On y sert des monceaux de viande, des bêtes entières, moutons, chamelons rôtis tout d’une pièce. Les convives en sortent repus pour huit jours.

Enfin, l’arabe est sensuel ; et, quand il monte dans le Nord, à Biskra, à Constantine, à Tunis, il court les mauvais lieux, les quartiers mal famés où pullulent les cafés maures, les danseuses, les courtisanes et les petits théâtres obscènes. Car cette gravité solennelle, de rêveur et non d’ascète, n’a que l’épaisseur du burnous ; et ce pardessus cache un noceur plutôt qu’un mystique.

Le Paradis de Mahomet n’est qu’un amalgame de ces trois éléments : l’oasis, la Difa et les Houris, qui sont les Almées de l’autre monde[1].

  1. Cf. Koran. Sourate xxxi. 7 — lxxxviii. 10 — lvi, 12.