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séance analogue, je voulus faire dire à un Musulman intelligent, instruit, qui nous recevait chez lui, sa pensée sur ces singuliers ascètes que le peuple vénère comme des saints et qu’il appelait, lui, du moins devant nous, des fous.

— Est-ce sérieux ? Y a-t-il des dessous, un tour de main, une duperie quelconque ?

— Sérieux ? bien sûr, dit-il. Mais Allah ne demande pas cela. Ce sont des fous !

Et il se hâta d’aiguiller la conversation sur un autre sujet.

Un quart d’heure plus tard, j’y revins, en le pressant tellement qu’il ne put éluder l’indiscrète question.

— « Que veux-tu ? Quand des hommes sont saints et qu’ils prient bien, peut-on jamais savoir ce qu’Allah fera pour eux ! »

Lui aussi, au fond, pensait comme les autres, il canonisait ces extatiques à face de possédés.