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polyphonique des parties d’une fugue. L’attaque si nette, si claquante du piano rendra nécessairement indistinct et quelquefois rigoureusement impossible à percevoir le jeu par nature lourd et gris du violoncelle.

La seconde Sonate pour violoncelle, op. 99 (1887) témoigne d’un art plus achevé que la première. Mais c’est là du Brahms gauche et tourmenté, à l’envol pénible, qui tout de même n’atteint ni à la grandeur, ni à la puissance vers lesquelles il tend. De la rhétorique, de l’enflure, du pathos, et peu de vraie passion.

Les deux premières Sonates pour violon font avec les sonates pour violoncelle un contraste frappant. Cette fois, c’est de la musique intime, tendre, confidentielle, sans éclat et sans force, mais d’une fraîcheur délicieuse. C’est du Brahms simple, naturel et tout à fait original[1]. Dans toute l’œuvre instrumentale de Brahms, rien ne vaut ces deux sonates : ce sont deux chefs-d’œuvre incomparables.

La première Sonate pour violon[2] op. 78 (1880)

  1. Bien que l’auteur se soit souvenu ici de la dixième sonate piano et violon de Beethoven, op. 96, qu’il aimait tant à jouer.
  2. C’est en réalité la quatrième. La première, qui date de 1850 environ, s’est perdue. La deuxième et la troisième furent détruites par le compositeur lui-même, qui n’en était pas satisfait.