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rons de Syracuse, le monte Venere ! Johannes est fou d’enthousiasme ! Il y a dans la vie des moments extraordinaires ! »

Ces moments, soyons-en sûrs, Brahms les chercha et les trouva plus d’une fois.

Heureux et malheureux, Brahms le fut tour à tour, comme la plupart des hommes, mais sans que le malheur ait occupé dans sa vie une place prépondérante, sans que l’amertume de ses réflexions sur la destinée humaine semble avoir gâté irrémédiablement ses plaisirs d’éternel voyageur, d’artiste, ou seulement de jouisseur.

Mais il avait, comme beaucoup d’Allemands, cette tendance à mélanger à son amour très positif des biens matériels de ce monde un regret nostalgique de l’idéal abandonné, — regret intermittent qui, surtout, comblait les vides entre les heures de joie. Il fit de cette mélancolie d’une nuance très particulière la matière de son art et c’est en quoi il fut grand : car il eut le privilège d’exprimer ainsi, mieux qu’aucun autre musicien peut-être, l’un des traits caractéristiques de l’âme germanique.