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Il a ses moments de tristesse, ses moments d’ennuis, ses sombres retours sur lui-même, comme tout le monde. Mais cela n’a rien de tragique. Et comme il les oublie facilement !

Il rencontre un joli visage et le voilà tout guilleret. À Rome, il va jusque s’éprendre de la cuisinière de son ami Widmann : on le plaisante. Quand la belle Mora paraît pour servir à table, son maître lui annonce que Brahms est sur le point de demander sa main : « Sono Romana, répond-elle fièrement, nata al Ponte rotto, dove sta il tempio da Vesta, non sposero mai un barbaro ! »[1]. Et tout le monde de rire ! Ce sont là les amusements des compagnons de Brahms et de Brahms lui-même, — amusements d’un cœur vraiment détaché de tout grave souci.

Billroth, voyageant avec Brahms, écrit à Hanslick : « Quel rêve ! La Sicile ! Taormina ! Cinq cents pieds au-dessus de la mer mugissante ! La pleine lune ! Le parfum des orangers ! Des cactus à fleurs rouges au pied de rochers colossaux ! Des forêts de palmiers, d’orangers, de citronniers ! Le sommet neigeux de l’Etna et son panache de feu ! Avec cela un vin des envi-

  1. « Je suis Romaine, née au Ponte rotto, là où se trouve le temple de Vesta, je n’épouserai jamais un barbare. »