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l’étude de la Bible, de la littérature allemande, de l’histoire générale, pour donner libre cours à ses petites manies de collectionneur, pour parcourir le monde en touriste toujours alerte et toujours curieux, pour se répandre ainsi au dehors de tant de façons diverses ?

Il voulut se distraire, dira-t-on, de terribles préoccupations qui lui auraient rendu la vie intolérable.

Mais justement il arrivait trop facilement à se distraire ; et voilà de quoi l’on devient incapable quand on est bouleversé par les grandes tempêtes du cœur.

Suivons-le dans ses voyages en Italie, avec ses amis, descendant de préférence dans les bons vieux hôtels où l’on peut vivre sans façon, « échangeant certain jour un baiser d’adieu avec la nièce de son hôtesse, toujours levé dès l’aube, et couché dès le crépuscule », toujours prêt à partir en course, secouant l’indolence de ses compagnons, réveillant leur ardeur d’un bon mot, s’enthousiasmant pour les chefs-d’œuvre de l’art comme pour les beautés de la nature, admirable fourchette et buveur intrépide, est-ce là un homme malheureux, rongé par un souci cuisant ? Quelle bonne plaisanterie !