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se contenter d’aventures vulgaires, et ce rêve d’un foyer exquis et de toutes les délicatesses qu’on sait bien un peu ridicules lorsqu’on a un gros ventre et qu’on est un goinfre, destiné à mourir d’avoir trop bu et trop mangé… alors que pourtant on mourait tous les jours un peu de n’être pas aimé ! »[1].

Sans doute ce portrait de Brahms n’est pas tout à fait inexact. Mais n’est-il pas poussé au noir ? Ne nous donne-t-on pas pour de cruelles angoisses et de violents désespoirs ce qui ne fut peut-être qu’un peu d’humeur noire ? L’homme qui aurait éprouvé de telles tortures morales en aurait exprimé quelque chose d’abord dans ses œuvres, — qui, malgré tout ce qu’on cherche à en tirer aujourd’hui par des interprétations excessives, ne semblent point traduire une telle exaltation de vie intérieure, — ensuite dans ses actes, et nous savons à quel point l’existence de Brahms ressembla peu à celle d’un martyr de la lutte entre la chair et l’esprit.

Avec une âme si troublée, comment aurait-il trouvé la tranquillité d’esprit nécessaire pour se livrer, comme il le fit, en véritable érudit, à

  1. W. Ritter.