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Mais il eut aussi (outre ses joies d’artiste), ses plaisirs, un peu lourds et sans grande délicatesse, pour racheter ses ennuis et ses peines. Qu’y a-t-il en tout cela qui dépasse grandement la mesure de l’humanité moyenne, de l’humanité médiocre ?

Je sais bien que quelques-uns de ses admirateurs ont tenté de dramatiser la psychologie de Brahms, d’y introduire, non pas du romanesque, mais plus et mieux, du tragique. Ils ont parlé d’un conflit émouvant qui se serait élevé en sa conscience entre les éléments contradictoires de sa nature et aurait fait de son existence, en apparence si unie, un perpétuel combat, un déchirement intérieur de tous les instants. Ils ont insisté sur l’opposition des deux hommes que fut Brahms et dont l’un renia toujours l’autre, sans pouvoir le réduire à l’impuissance : le rêveur épris d’idéal d’un côté, le jouisseur fortement attaché à la matière de l’autre. Et alors, ils nous l’ont montré profondément malheureux avec « ses besoins de tendresse rentrés, sa mauvaise humeur et la résignation à une vie « mentale incomplète, sa timidité jalouse, qui veut donner le change par un abord escarpé et des manières bourrues, et cette passion qui doit