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lui racontaient de Wagner. Mme Wesendonck lui montra les premières esquisses de Tristan et une sonate de piano en manuscrit et M. Wesendonck la partition du Rheingold écrite de la main de l’auteur. Brahms considérait, paraît-il, avec un profond respect ces curieux souvenirs.

Il faut dire que Wagner n’usait pas de la même bienveillance quand il jugeait Brahms. Il écrivit de lui que ce « n’était pas un esprit allemand », que lorsqu’il avait en tête la matière d’un quatuor ou d’un quintette « il vous servait cela comme une symphonie », que sa mélodie était « filandreuse » ; il parlait de ses petits bouts de thèmes « hachepaillés », et il lui refusait « toute originalité » dans l’invention. « Je connais, disait-il, de ces artistes réputés, que vous rencontrerez dans la mascarade des concerts, aujourd’hui avec la figure d’un chanteur des rues, demain sous la perruque alleluiatique de Haendel, un autre jour accoutrés à la juive comme un joueur de czardas, parfois enfin déguisés en purs symphonistes, en mal d’une Dixième ! »

À ces attaques Brahms ne répondit jamais rien.

Il savait ce qu’il valait, mais il n’aimait pas le