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tout rasé, avec son visage d’ange, et sa voix flûtée « qu’une jeune fille aurait pu embrasser sans rougir ! ». Il est certain que sous ce corps qui devint épais et qui eut des exigences très prosaïques, se cachait une âme douce, tendre et timide, une âme d’enfant. La correspondance de Brahms avec Clara Schumann nous la révèle en partie. Nous savons quels rapports affectueux il entretint avec sa belle-mère et avec quelle délicatesse il ne se contentait point de lui assurer le nécessaire, mais l’obligeait encore à accepter de l’argent pour ses plaisirs et pour ceux de son fils : il paya ainsi plusieurs fois de beaux voyages à « l’autre Fritz ». Il fut le plus fidèle et le plus dévoué des amis. Lors d’un de ses séjours en Italie, un de ses compagnons s’étant cassé la jambe, il n’hésita pas à rester auprès de lui jusqu’à complet rétablissement. Sa bourse fut toujours ouverte aux artistes qu’il savait dans l’embarras. Un jeune musicien manquant un jour de l’argent nécessaire pour faire monter un opéra qu’il avait composé, Brahms lui envoya la somme désirée avec ce simple mot : « Pour moi, je n’en ai pas besoin. Vous me la rendrez à l’occasion, si vous le pouvez ! »

Brahms avait du cœur. C’était un brave homme