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ries interminables, les discussions, les projets, les enthousiasmes, les plaisanteries, tout cela jusqu’assez tard dans la nuit ; et après avoir dormi quelques heures, n’importe où, n’importe comment, au besoin sur un sofa, Brahms était prêt à recommencer ; et il réveillait ses amis de bon matin pour une nouvelle journée aussi bien remplie que la précédente.

Sa belle santé ! Elle lui avait permis jusqu’alors de repousser les images de la mort toutes les fois qu’elles se présentaient à son esprit sous une forme trop impressionnante. Il avait pleuré les parents ou les amis perdus sans trop faire retour sur lui-même, sans penser à sa propre fin. Il avait vécu jusqu’à soixante ans comme un enfant ou du moins comme un homme jeune et plein de vie pour qui l’idée de mort n’a point encore de sens. Cette bienheureuse ignorance, il va chercher, malgré les défaillances du corps, malgré le mal qui ruine visiblement l’organisme, à la prolonger encore. Il se raidira contre les premières atteintes de l’ennemie. Il cherchera à s’étourdir. Il multipliera ses sorties, ses visites aux amis, ses dîners en joyeuse compagnie ; plus que jamais on le verra au théâtre, au concert, dans