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et de ses « Meininger ». Un jour, Bülow n’hésita point à libeller ainsi un programme : « Concert d’abonnement du 3 février 1884. Première partie : 3e Symphonie de Johannes Brahms. — Deuxième partie : seconde audition de la 3e Symphonie de Johannes Brahms. » Et il fit en effet exécuter l’œuvre deux fois de suite[1]. Brahms connut alors la popularité véritable. Il l’avait longtemps attendue : elle le grisa un peu. Ce n’était plus le jeune Brahms si timide, si réservé, ou du moins la timidité du Brahms d’aujourd’hui se manifestait d’une autre manière, par l’exagération de la confiance en soi ou plutôt des gestes, des paroles, des attitudes qui l’expriment. Maintenant, quand il entrait au milieu d’une assemblée d’artistes, Brahms avait l’allure sans façon d’un homme qui brutalement impose sa supériorité, d’un homme qui sent toute la force de ce fait indéniable : une renommée positive, — que cette idée n’abandonne point un seul instant, et qui n’a pas la politesse d’attendre que les autres s’en souviennent.

  1. Pour être tout à fait exact, disons que le programme comportait cinq numéros, et que la symphonie de Brahms y figurait sous le deuxième et le quatrième.