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ans, celle même à qui il avait dédié, quand elle avait seize ans, ses variations à quatre mains sur un thème de Schumann. La jeune fille, qui devina ses sentiments, ne les encourageait point ; et lui-même se rendit compte qu’il rêvait d’une union irréalisable. Il n’en souffrait pas moins. Quant à Clara Schumann, elle ne semble pas s’être inquiétée autrement de ce qu’elle considérait comme une fantaisie sans conséquence. Elle dut cependant éprouver quelque peine à sentir que quelque chose des admirations et de la tendresse de son cher Johannes lui était enlevé, ou du moins se partageait désormais entre la vieille amie et la jeunesse triomphante de sa fille.

Vers le milieu de juillet 1869, Brahms apprit de Clara Schumann elle-même la nouvelle que Julie était fiancée au comte Victor Radicati di Marmorito. « Il paraissait, raconta Clara, ne s’y être point attendu et resta tout interloqué. » Clara ne se montra-t-elle point, par dépit, un peu cruelle ? Quoi qu’il en soit, ce fut une grande émotion pour Brahms et il mit du temps à s’en remettre. Cette déception fortifia son pessimisme à l’égard des femmes dont il avait toujours redouté l’abord et qu’il ne savait