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tage son amitié, et aussi ses manières un peu rudes. Maintenant ses grosses plaisanteries, ses manies, son sans-gêne agaçaient parfois Clara Schumann. D’autre part, Brahms, qui voyait l’illustre pianiste se fatiguer en d’interminables tournées de concerts, se préoccupait de sa santé alors très ébranlée ; mais il ne sut pas lui faire accepter, en usant des précautions indispensables, l’idée d’un repos utile. Au début de 1868, il lui écrivit une lettre assez maladroite, dont elle fut certainement vexée. Une artiste si fêtée ne pouvait accepter sans chagrin, sinon sans révolte, l’idée de ne plus jamais paraître en public, et de renoncer prématurément à une carrière des plus brillantes : Clara Schumann n’avait pas encore cinquante ans. En lui présentant trop brutalement ce remède radical à une situation inquiétante, dont il s’exagérait la gravité, Brahms avait manqué de tact.

Ajoutons que Brahms, qui fut toujours d’une humeur très lunatique, avait alors des raisons particulières de se montrer bourru, grognon, irritable, en fin de compte fort déplaisant de toutes manières. Ne s’était-il pas épris des charmes, fort séduisants, paraît-il, de Julie, la troisième fille de Clara, âgée alors de vingt-trois