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caresses de mon âme. Je vous aime trop pour pouvoir vous l’écrire… » — « Comme tout est vide et désert quand vous n’êtes pas là ! Je pense sans cesse à vous avec les sentiments du plus brûlant amour… Que je serais malheureux si je ne vous avais pas ! » Et passant au tutoiement (du reste beaucoup moins significatif en Allemagne qu’en France) : « Je voudrais pouvoir t’écrire très délicatement combien je t’aime, et je t’aime tant que je ne puis le dire… toi, mon amour, toi ma divine Clara ! »

Mais n’exagérons rien. Les différentes nuances de l’amour, de l’amitié, de l’affection ne sont pas aussi exactement marquées par les mots en Allemagne qu’en France ; et ces sentiments divers se mélangent aussi et se confondent plus volontiers dans l’âme d’un Allemand que dans celle d’un Français. Si « l’amitié amoureuse » a un pays d’origine, ce doit être celui de Brahms. Jusqu’à nos émotions, nous prétendons, nous Français, tout classer et définir avec précision, et ces ambiguïtés nous déplaisent. Nous voulons toujours savoir où notre cœur nous mène. Qu’importe à une âme de Germain ? Son rêve a besoin de ces indécisions.

Et puis Brahms est un artiste et il écrit à une