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son Adagio. Je vous remercie de m’avoir fait connaître ce jeune audacieux si timide qui s’avise de faire de la musique nouvelle. Il souffrira beaucoup… »[1]. Brahms sentit peut-être qu’on voulait l’attirer dans une direction où, de lui-même, il ne s’était point engagé. Il comprit qu’il fallait prendre nettement position. Il hésita quelque temps encore, et l’on rencontre des traces de son indécision dans les œuvres qu’il écrivit alors (op. 4, 8, 9, 10 et même 15.) Mais il finit par être effrayé du radicalisme de Liszt et de ses amis, et sans se ranger du côté des purs conservateurs, il finit par s’en tenir à un opportunisme éclectique, bien fait pour rassurer la confiance de ses premiers admirateurs, et d’ailleurs en parfait accord avec les inclinations de sa nature artistique.

Grâce à l’appui de Schumann, Brahms venait de faire éditer deux sonates pour piano, six lieds et le Scherzo en mi mineur. À vingt ans il n’était déjà plus un inconnu. En bien ou en mal, on parlait

  1. Extrait d’une lettre encore inédite de Berlioz dont nous devons la communication à l’obligeance de M. Julien Tiersot, le savant bibliothécaire du Conservatoire national de musique, qui en possède le manuscrit. L’ensemble de la lettre sera inséré à sa date dans la correspondance générale de Berlioz dont M. Tiersot a commencé la publication et dont un nouveau cahier est actuellement sous presse.