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Neue Zeitschrift für Musik, signale le nouveau venu à l’attention des connaisseurs : « Il s’appelle Johannes Brahms. Il porte tous les signes qui annoncent l’élu… Dès qu’il s’assied au piano, il nous entraîne dans des régions merveilleuses… Saluons-le à son premier pas dans le monde, où il doit recevoir des blessures sans doute, mais aussi des lauriers et des palmes. Souhaitons la bienvenue au vaillant lutteur ! »

Schumann était heureux de célébrer un art qui, par certains côtés, ressemblait au sien et dont les tendances ne l’effrayaient point. Son instinct lui dictait de soutenir le jeune Brahms comme l’adversaire-né des entreprises d’un Berlioz, d’un Liszt, ou d’un Wagner. On sait en effet que Schumann, bien que novateur à tant d’égards, restait fidèlement attaché à certaines traditions classiques qu’il voyait à regret bousculées par ces intrépides révolutionnaires.

L’article eut un retentissement considérable. Mais l’excellent Schumann, dans l’élan spontané de son admiration, n’en avait pas assez prudemment calculé les conséquences. Le poids d’un pareil dithyrambe était lourd à porter pour un artiste de vingt ans et Brahms eut à souffrir longtemps des inimitiés que Schumann, sans le