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femme n’avait pas grande culture, et quatre pages par semaine représentaient pour elle un terrible travail. Elle tint cependant fidèlement sa parole, et, quand elle était à bout d’invention, elle recopiait naïvement les faits divers qu’elle venait de lire dans le journal. Brahms, de son côté, ne manqua point d’envoyer régulièrement de ses nouvelles.

À Hanovre, le jeune voyageur rencontre Joseph Joachim, alors âgé de vingt-deux ans. L’année précédente le grand violoniste avait conquis Berlin en jouant le Concerto de Beethoven, et, en 1853, il avait triomphé avec la même œuvre au festival du Bas-Rhin. Déjà il avait rompu en esprit avec le cercle de Weimar, et les tendances « nouvelle Allemagne » qui y régnaient. Joachim allait devenir l’un des défenseurs les plus ardents de la tradition classique.

Tout de suite, Joachim remarqua en Brahms « un talent de composition exceptionnel et une nature qui ne pourra se développer intégralement que dans la retraite la plus solitaire, pure comme le diamant, délicate comme la neige… Son jeu est plein de feu, d’une énergie fatale, et d’une précision rythmique qui révèlent l’artiste. Ses compositions contiennent plus de choses