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de l’Annam. Plus tard il demanda l’investiture à l’Empereur de Chine. L’Empereur lui demanda ce qu’il avait fait de Luu thang. Dinh tien hoàng reconnut son crime, et l’Empereur le condamna à payer chaque année une statue d’or du poids d’environ un picul représentant Luu thâng.

Après Dinh tien hoàng le pouvoir passa successivement aux Lé, aux Ly, aux Trân et enfin aux seconds Lé. Lé thâi to régnait déjà depuis longtemps lorsqu’il envoya le trang Quinh en ambassade en Chine porter la statue d’or. Après avoir rempli sa mission Quinh dit à l’Empereur : « Notre pays est un tout petit pays, peu versé dans la connaissance des choses. Permettez-moi de vous demander, à vous et à vos grands officiers, quelle est ici la limite de l’extrême vieillesse, celle de la moyenne vieillesse et celle de la médiocre. » Les Chinois répondirent : « Cent ans sont l’extrême vieillesse, quatre-vingts la moyenne, soixante la médiocre »[1]. — « S’il en est ainsi, répondit Quhih, vous nous faites tort depuis longtemps. Luu thâng est mort au temps du roi Dinh tien hoàng ; il y a plusieurs centaines d’années, et chaque année nous vous donnons à sa place un homme d’or. Luu thâng vivrait-il encore ? » L’Empereur loua la sagesse du trang Quinh et, à partir de ce moment le tribut de la statue d’or cessa d’être payé par l’Annam.


  • Le premier ministre Chinois invita Quinh à venir chez lui. Il avait fait tendre tout le chemin de nattes qui couvraient des fosses où il voulait faire tomber Quinh afin que la Chine ne fût pas vaincue par l’Annam dans cette lutte de finesses. Mais Quinh se refusa obstinément à passer le premier et en suivant les traces du ministre évita le piège.

Un jour le roi manda son conseil pour délibérer au sujet de Quinh. Le trang Quinh, leur dit-il, est un homme artificieux ;

  1. Voir NDM, 106.