Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On le porta ensuite au milieu de la cour du palais. Le roi fit venir Quinh et lui demanda de quel côté était le tronc et de quel côté la cime. Quinh d’abord ne sut que dire, mais il s’avisa d’un stratagème. Il demanda trois jours pour répondre. Le roi les lui accorda. Pendant la nuit Quinh vint en secret souiller l’arbre d’ordures. Le lendemain les hommes de garde le portèrent à la rivière pour le nettoyer. Quinh qui les épiait remarqua quel était le côté qui plongeait et en conclut que c’était le côté du tronc, naturellement d’un grain plus dense. Le lendemain le roi le fil appeler pour donner sa réponse. Il indiqua le côté du tronc et celui de la cime, au grand étonnement du roi qui loua sa perspicacité.


  • Un jour l’on apporta au roi un plateau de fruits de longue vie (pêches). Quinh bien vite s’empara d’un fruit et le mangea. Le roi irrité ordonna de l’emmener et de le décapiter. « Ce ne sont donc pas des fruits de longue, mais bien de courte vie », dit Quinh. Le roi charmé de ce trait d’esprit lui pardonna.


  • Le roi avait un chat auquel il tenait beaucoup et qui était attaché par une chaîne d’or. Quinh le détourna, l’emporta chez lui, et là, chaque jour, lui faisait servir deux plats contenant l’un de belle viande et des hachis succulents, l’autre des restes de riz et de poisson. Aussitôt qu’il voulait toucher au premier il était battu.

Cependant l’on dit au roi que Quinh avait un chat semblable à celui qu’il avait perdu. Le roi demanda à Quinh ce qui en était. Celui-ci nia. « Que l’on apporte ici mon chat, dit-il. Le vôtre était nourri de bons morceaux, le mien de restes, qu’on lui présente deux plats et l’on verra ce qu’il choisira. » Le chat naturellement choisit le second et Quinh l’emporta en triomphe.