Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Une fois entré dans la salle du concours, il fit une cinquantaine de lignes et sur le reste de son cahier dessina des éléphants et des chevaux. Il fut naturellement refusé. Une autre fois il fit une composition où il ne parlait que d’amours et de plaisirs. En s’en retournant il entra dans le temple de sa mère et lui dit : « Vous ne m’avez pas protégé, j’ai été refusé à tous mes examens, mais n’importe ! je vais vous donner mes trois bœufs. » Le gardien du temple entendant Quînh parler de sacrifier trois bœufs, se mit bien vite à faire tous les préparatifs de baguettes odoriférantes, de bougies, papiers dorés, de vin et de thé, mais Quinh ne l’entendait pas ainsi. Il se mit tout nu et par trois fois marcha à quatre pattes devant l’autel, disant : « N’est-ce pas là ce que j’ai promis. »[1]

Du temps de Quinh, vivait aussi mademoiselle Dièm, femme célèbre par son savoir. Quinh allait la voir souvent pour causer avec elle de littérature. Un jour qu’il passait devant son auberge Dièm lui demanda de trouver un parallèle aux vers suivants :

 
Par les trous de la toiture passent les rayons de la lune
Dessinant les œufs de poule trois à trois, quatre à quatre[2].


Quinh répliqua aussitôt :

 
Les flots soulevés montent et descendent
Comme les écailles du dragon se recouvrant, se recouvrant.


    si caractéristique de ces dernières, manque complètement dans le récit annamite aussi bien que dans le récit cambodgien. Du moins n’en ai-je trouvé aucune trace dans l’analyse que M. Aymonier a donnée de celui-ci (Textes khmêrs, pages 20-30).
    M. P. Truong Vinh ky, dans ses Chuyên doi xwa (n° 30 de la troisième édition), a publié un certain nombre d’historiettes relatives au cong Quinh. Je lui en ai emprunté quelques-unes qui ne se trouvaient pas dans les textes que j’ai pu recueillir. Elles seront marquées ici d’un astérisque.

  1. Tout ceci repose sur un calembour. Le bœuf est appelé en annamite , con bô, mais signifie aussi ramper, se traîner sur les genoux et les mains.
  2. Ces œufs sont les taches ovales de lumière que forment sur le sol de la maison les trous de la toiture éclairée par la lune.