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de Dèo ba gioi. Du temps de Lé thâi to, la princesse Lieu, fille de l’Empereur céleste, fut exilée des cieux et vint s’établir dans cette gorge où elle bâtit une tour à trois étages. Aux quatre côtés de la tour se trouvaient des filets de fer avec lesquels on prenait des oiseaux que l’on mettait en cage ; dans les jardins, il y avait toute espèce d’arbres, de plantes d’ornement et de rocailles ; devant la porte était creusé un lac où vivaient des poissons de toute espèce.

La princesse avait pris la forme d’une jeune fille d’une grande beauté. Elle se métamorphosait encore en une jeune fille du commun vendant des fruits et des boissons ; elle vendait aussi des statuettes, des dessins de paysage, d’oiseaux, de poissons, de dragons, de tigres et distribuait aux pauvres le prix de la vente. Tous les passants voyant ce beau pavillon y entraient pour se rafraîchir et voir les objets en vente. À ceux qui ne faisaient que manger, boire et acheter, sans parler d’amour à la fille, il n’arrivait rien ; ceux, au contraire, qui, la voyant si jolie, avaient voulu s’émanciper avec elle, quel que fut leur rang et leur fortune, s’ils avaient du bonheur[1] ils restaient continuellement comme ivres et hébétés ; les plus malheureux mouraient.

Il y avait trois ans que la princesse habitait Là sans que l’on sut qui elle était. Elle avait donné le jour à un garçon qui avait six doigts à chaque main[2]. La princesse le porta à la pagode de la montagne Hong lânh pour le faire instruire par le supérieur. Elle lui dit : « Je pense que j’ai fait là un roi ou pour le moins un premier docteur (trang). Devenu grand, il portera le nom de trang Quinh.

    magiques d’une merveilleuse efficacité passent pour venir de lui. » (Eitel, Handbook of Chinese Buddhism., p. 159.)

  1. Co phwoc duc. C’est-à-dire si leurs mérites antérieurs leur valaient d’échapper à la mort.
  2. Cette difformité passerait en général pour être de mauvais augure.