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chez son oncle. Celui-ci vit qu’il en manquait un et demanda ce qu’il était devenu. Dinh tien hoàng répondit qu’il avait été englouti dans la terre près de la montagne. L’oncle s’étonna et lui dit de le mener à cet endroit. Son neveu lui montra la queue du buffle qui restait encore visible, l’oncle la prit et se mit à tirer dessus, mais elle lui resta dans la main et il tomba

    devaient être livrés. Il régla la hiérarchie des fonctions civiles et militaires, et même des bonzes et des Taosse. Il donna un costume aux fonctionnaires et divisa le pays en dix dao. Il fut assassiné par un officier du palais nommé Dô thich qui avait rêvé qu’une étoile lui entrait dans la bouche, et se croyait en conséquence appelé aux plus hautes destinées. L’assassin resta caché trois jours ; au bout de ce temps, pressé par la soif, il tendit la main pour recueillir de l’eau de pluie et fut aperçu par des jeunes filles. Il subit la mort lente, et sa chair fut dévorée par le peuple.
    Des prodiges avaient annoncé la catastrophe finale aussi bien que les gloires qui l’avaient précédée. Pendant sa jeunesse, un jour qu’il péchait dans le fleuve de Giao thùy, l’Empereur avait ramené dans son filet une grande pierre précieuse qui heurta l’avant de la barque et l’écorna. Il la cacha dans un baquet à poisson qui, pendant la nuit, était éclairé d’une lumière étrange. Un bonze à qui il montra l’escarboucle soupira et lui dit : « Mon fils, tu as eu l’autre jour un bonheur ineffable ; je crains seulement qu’il ne soit pas de longue durée. Sa mort violente et la grandeur future de la famille Lé avaient été également prédites.
    Les poésies de l’empereur Tu duc contiennent deux pièces de vers consacrées à la louange de Dinh tien hoàng. Les détails qui précèdent ont été empruntés au commentaire de ces deux pièces. Voici la plus étendue qui, s’il faut en croire les mandarins annotateurs, joint au mérite d’une composition parfaite celui de ne rien contenir d’étranger au sujet :
    Les vallées de Hoa lu ont produit un roi. — Au temps de ses jeux d’enfant il se distinguait déjà du vulgaire ; — Parmi la troupe des bergers tous cédaient (à son ascendant).
    De leurs mains unies ils faisaient son char (impérial) ; — De fleurs de roseaux ils faisaient les pavillons (de son cortège).
    Son visage imposant avait toute la majesté impériale ; — Les vieillards de son village le respectaient. — La physionomie de (celui de) Phong bai revivait en lui. — En vain les douze gouverneurs s’étaient-ils partagé le pays, — (Élevant le) drapeau du droit il pacifia, nivela tout. — Roi dix mille fois victorieux, il fonda le « grand et puissant empire de Vièt ». — Il réunit la montagne et le fleuve, renouvela le soleil et la lune.
    — Ce fut en ce temps que commença l’indépendance de la région brûlante (du midi).
    — Dépassant de loin les anciens rois, il était pareil aux Tong. — Comment cette rapide prospérité se changea-t-elle en une chute rapide ? — Du haut de son cheval il avait conquis, comment eut-il pu, du haut de son cheval gouverner ? — Par ses nombreuses violences il avait créé son propre péril. — Les paroles de l’oracle, l’angle (du bateau écorné par) l’escarboucle, tous ces prodiges avaient été vains.