Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

actions, vint au puits et appela le poisson qu’elle fit cuire. Lorsque Câm revint des champs elle ne le retrouva plus et se mit à pleurer. Le coq lui dit : Ô ! ô ! o ! donne-moi trois grains de riz, je le montrerai ses arêtes »[1]. Câm lui donna du riz, et le coq lui montra les arêtes que l’on avait jetées derrière la maison.

Câm les ramassa et pleurait. Le génie lui apparut de nouveau, lui dit d’aller acheter quatre petits pots () pour y mettre ces arêtes, et de les enterrer aux quatre coins de son lit. Au bout de trois mois et dix jours elle y trouverait tout ce qu’elle désirerait. Quand elle ouvrit les pots elle y trouva un habit, un pantalon et une paire de souliers. Elle alla les vêtir dans les champs, mais les souliers furent mouillés et elle les fit sécher. Un corbeau enleva un de ces souliers et alla le porter dans le palais du prince héritier. Le prince fit proclamer qu’il prendrait pour femme celle qui pourrait chausser ce soulier.

La marâtre ne permit pas à Câm de se rendre au palais pour essayer le soulier ; elle y alla d’abord avec sa fille, mais sans succès. Câm, cependant, se plaignait et demandait à tenter l’aventure à son tour. La marâtre mêla des haricots et du sésame[2] et lui dit que lorsqu’elle les aurait triés elle pourrait y aller. Le génie envoya une troupe de pigeons pour l’aider dans cette opération ; mais la marâtre ne voulut pas encore la laisser aller, prétendant que les pigeons avaient mangé son grain. Le génie fit rendre par les pigeons le grain qu’ils avaient mangé, et la marâtre permit enfin à Câm de se rendre au palais. Là elle essaya le soulier qui se trouva juste à son pied et le fils du roi la prit pour femme.

  1. Ô ô ô ! cho bu hôt tûa, chi xuong cho.
  2. D’autres disent du riz glutineux.