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XVII

LE BÔI MAU ET L’ÉLÉPHANT.



Quand la dynastie Lè eut perdu l’empire, un éléphant des écuries impériales se refusa à servir de nouveaux maîtres, et s’enfuit aux lieux de sa naissance, dans une gorge appelée le Truông dây thùng, où il trouva un ruisseau d’eau pure et abondance de fourrage. Cette éléphant avait été gratifié par un Empereur de trois colliers[1] d’or. Quand il eut demeuré de longues années dans les bois ces colliers se couvrirent de lichens.

Or, tandis que l’éléphant s’enfuyait dans les forêts, son cornac, le dôi Mâu s’était retiré dans sa maison. Devenu vieux et âgé d’environ soixante-dix ans il alla dans la forêt cueillir des simples. Comme il s’était courbé pour arracher des racines, l’éléphant reconnut son ancien maître, et se précipita vers lui, l’entoura de sa trompe, abaissant ses défenses et versant des larmes. Mâu qui ne reconnaissait pas son éléphant fut épouvanté, craignant d’être écrasé par lui. L’autre cependant guidait sa main pour lui faire toucher ses colliers d’or, voulant qu’il les prît et en tirât parti.

Màu reconnut alors l’éléphant, mais il ne savait comment faire pour lui enlever ses colliers et craignait de le blesser. La nuit vint sur ces entrefaites. Mâu se prosterna devant l’éléphant lui demandant de le laisser partir, mais l’autre n’en voulut rien faire. Vers la seconde veille Mâu se mit à se plaindre et dit : « Je suis vieux et débile, je ne puis rester dans cette forêt. » L’éléphant alors le campa sur son dos et le rapporta chez lui. À la quatrième veille ils arrivèrent. Les gens de la maison,

  1. Ou ceintures.