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me marier, et ce sont les bijoux que m’a donnés mon mari. Il croira que je les ai donnés à mes parents et m’accablera de coups. » Le vagabond, touché de la beauté de la jeune femme, consentit à descendre dans le puits pour chercher les bijoux. Il se dépouilla donc de ses vêtements, mais avant de descendre il lui demanda comment elle s’appelait. « Mon mari s’appelle Ngô quâ et moi Lai coi »[1], lui répondit la femme. À peine le vagabond fut-il dans le puits que la femme ramassa ses habits, sauta sur son cheval et disparut.

Le voleur n’ayant rien trouvé dans le puits remonta et, ne voyant pas la femme, il se mit à crier : « Femme de Ngô qnâ, (ô) Lai coi, rapporte-moi mes habits. » Les spectateurs, croyant qu’il y avait quelque chose à voir, sortirent du théâtre et, ne trouvant qu’un homme nu qui criait à tue-tête, ils le rouèrent de coups. C’est ainsi que le voleur fut dupé par la jeune femme.



Un voleur s’était introduit furtivement pendant la nuit dans la maison d’un pauvre diable. Celui-ci dormait sur sa jarre de riz dont il s’était fait un oreiller. Le voleur ôta son pantalon dans le dessein d’y faire tomber le riz et de l’emporter. Pendant ce temps le propriétaire se réveilla, saisit le pantalon et cria de toutes ses forces : Au voleur ! Le voleur criait encore plus fort. « Comment ! dit le maître, c’est toi qui te plains d’être volé. « — « Est-ce que vous ne tenez pas mon pantalon ? » lui dit l’autre.



  1. Ngô quâ ! signifie « que c’est beau ! » et Lai coi « venez voir ». Comme noms ils ne sont peut-être pas absolument impossibles, mais du moins bien invraisemblables.