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mandarin et rendit son fils fou furieux. Ce fils tua un homme, et les parents durent dépenser de grosses sommes pour arrêter l’affaire. Quant au fou, aucun sorcier ne parvint à le calmer.

Les choses en étaient là lorsque l’étudiant sortit de la salle du concours, ayant échoué à ses examens. Le revenant lui dit : « Maintenant que je me suis vengé de mon ennemi vous pouvez le servir, je ne m’opposerai pas à ce que vous délivriez son fils de ma possession. L’étudiant se rendit donc chez son ancien maître. Celui-ci ne voulait d’abord pas le recevoir, mais l’étudiant insista et lui promit de guérir son fils. Il y parvint en effet, et le mandarin lui donna vingt barres d’argent[1] pour revenir dans son pays.



  1. L’on remarquera que ces vingt barres sont précisément la somme qu’il avait reçue du pirate. Il n’était pas, sans doute, au pouvoir de l’esprit de tirer davantage de lui. Les fous sont traités au moyen d’exorcismes ; l’on en voit fréquemment chez les sorciers qui les tiennent enchaînés quand ils sont dangereux et procèdent de temps à autre à des cérémonies destinées à chasser de leur corps l’esprit qui les possède. La bienveillance de l’esprit pour l’étudiant ne s’explique pas bien et il est possible qu’il y ait là quelque lacune ; cependant, aux yeux des indigènes, l’étudiant vertueux a tous les droits à être secouru, et il n’y a sans doute pas d’autre raison à la conduite du revenant.