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CXXI

VENGEANCE D’UN MORT.



Il y avait jadis en Basse-Cochinchine un mandarin qui recevait des présents, mais qui ne s’occupait pas des affaires de ceux qui les lui avaient faits. Un jour il reçut vingt barres d’argent d’un pirate et le laissa exécuter. Peu après ce mandarin fut appelé à la capitale.

Dans le même temps avaient lieu des examens. Un étudiant de Gia dinh avait l’intention de prendre part au concours, mais sa pauvreté ne lui permettait pas de faire le voyage. Il rencontra un homme qui lui proposa de partir de compagnie et s’engagea à le défrayer. Cet homme, en effet, avait le plus grand soin de l’étudiant ; il lui procurait des vivres et préparait ses repas, mais pour son compte ne touchait à rien. L’étudiant fut surpris de cette conduite et lui en demanda la raison.

L’autre lui avoua alors qu’il était un esprit et se rendait à la capitale pour se venger d’un mandarin qui l’avait laissé mourir et qu’il lui nomma. L’étudiant lui dit qu’il ne pouvait prendre part à sa vengeance, car ce mandarin avait été son maître. « Peu importe, dit l’esprit, vous lui rendrez le bien que vous lui devez et moi le mal qu’il m’a fait. »

Lorsqu’ils arrivèrent à la capitale les examens allaient s’ouvrir ; l’étudiant s’empressa de se rendre à la salle du concours. Pendant qu’il y était retenu le revenant alla à la maison du